Roseline Steinmann
Coach professionnel
Titulaire de la Société Française de Coaching

La présence du coach, comment vous la définissez, vous ?


De l'attention portée aux tics de langage corporel

Ma réponse à cette interview s'inspire du principe de la posture décentrée et influente conceptualisée par Michael White avec les Pratiques Narratives auxquelles je me suis formée plusieurs années.

Cette question de la présence du coach m’était posée il y a quelques jours par une coach professionnel en formation-métier à l’approche de sa soutenance de mémoire et de sa certification.

À l’heure où s’expriment nombre de personnes sur nombre de sujets et de lieux d’échanges, cette question de la présence à l’autre est une vraie bonne question.

Elle se pose naturellement avec acuité et exigence lorsqu’on exerce le métier de coach dont la qualité de la relation à l’autre et son efficience sont des fondamentaux.

Diversité de la peinture intérieure

Auteur : AGSANDREW 

Être présent au sens "présence du coach", c’est tout un art. Ça n'a rien de naturel.

Selon moi, être présent à l’autre dans la relation de coaching consiste en premier lieu à tenir une posture propice à la production d’un récit de l’expérience du coaché qui soit le plus riche possible

Si c’est bien par la qualité de sa présence que le coach est influent dans la relation de coaching, il ne s’agit pas pour autant pour lui d'y occuper la place centrale. Car la place centrale, c’est au coaché qu’elle revient.  Pour répondre à cette question d'une de mes pairs,  j'ai choisi les quelques éléments qui suivent ; ils concernent particulièrement le début de la relation de coaching, lorsque le coaché fait le récit de ce pourquoi il est là. Ce sont ces éléments qui me sont venus le plus spontanément alors

Comment être présent dans la relation de coaching, dans ce temps délicat du début où s’installe la relation ; dans ce temps où le coaché se demande s’il ne sera pas jugé, évalué, ce temps où il a tant à livrer, où il doit pouvoir faire le récit de son expérience en toute sécurité ?

La personne qui m'interviewe évoque son empathie et sa sensibilité, qui l'amènent à réagir beaucoup à l'écoute du coaché. Expressions de visage, gestes, mots

Mais est-ce que réagir de la sorte, c'est manifester une présence de qualité à l'autre ?

Et vous alors, comment faites-vous concrètement pour être présent à l'autre avec justesse ?

Des mots et des gestes

Ma réponse à la question qui posée est sans prétention d'exhaustivité. Alors que visage et corps peuvent être si  expressifs et présents dans l'espace de la conversation de coaching, je choisis d'évoquer la vigilance à la réaction contre-productive du coach : celle qui vient comme un tic de langage ou juste comme un tic ; voici ce que je propose à la place :

Ecouter, entendre, être curieux. Ecouter, questionner, afin de soutenir le coaché dans la production d'un récit de plus en plus riche riche de son histoire et que ne soient pas omis des éléments qui pourraient être laissés de côté ou évalués comme non significatifs par le coaché.  Poser ainsi des questions de curiosité, bien calibrées, qui viennent juste aider à la production d'un récit aussi documenté que possible dont le coaché est le seul auteur

Ne pas juger le contenu du récit : ni l’approuver ni le commenter.  Ni par des mots, ni par des gestes. Contenir ainsi tout mot, toute expression d’étonnement, d’approbation, de recul, d'enthousiasme

Toute réaction par le corps ou le langage influence le récit du coaché : certains des éléments de son expérience peuvent alors paraître au coaché plus ou moins dicibles, plus ou moins conformes, plus ou moins ok ou pas ok

Un coach qui est présent prend le moins de place possible en fait, pour laisser le plus d'espace possible à l’autre

Un coach est présent. Attentif, il écoute, observe, entend. Un coach présent questionne avec l'intention d'accéder aux idées, perceptions, ressentis, projections de l’autre

Un coach présent accueille le point de vue du coaché sur la situation que vit celui-ci

Un coach présent créé de l’espace pour le coaché dans la relation, en témoignant sa curiosité pour l’expérience vécue avec des questions pertinentes*.  Pas son évaluation de l’expérience vécue.

* Je vous invite à en savoir plus sur les Pratiques Narratives avec la lecture des publications de Michael White. 

Le langage corporel communique aussi ! Parfois à notre insu…

Réagir aux propos du coaché en opinant du chef, avec des mouvements de la tête ou des yeux, des «oui oui» implicitement formulés : ces mouvements sont contre-productifs au moment du récit de l’expérience. 

En effet, cette façon de faire - qui peut sembler bien intentionnée et encourageante - contient possiblement une opinion, un jugement, une évaluation du coach. Et contribue à influencer le coaché dans la production d'un certain récit face à la possible crainte d’être jugé, d’être non-conforme à une certaine norme, d’être trop ou pas assez

Car lorsqu’il y a réaction manifeste de celui qui écoute, même en l’absence de paroles, le coaché peut être tenté d’inhiber, de mettre en exergue, d’infléchir ou ajuster son récit en fonction de la réaction qu'il perçoit

C’est cette posture qui n’est pas naturelle. Elle s'acquiert. Car réagir  :  c’est juste humain ! 

Être présent, c'est

Être présent, ce n'est pas

Être influent dans la relation en posant des questions de curiosité, utiles à la construction du récit du coaché :  oui 

Être influent dans la relation en posant des questions qui activent la narration, des questions qui «poussent»  :  oui

Être décentré en témoignant son intérêt et sa curiosité pour l’expérience vécue par le coaché, son intention d’enquêter sur celle-ci, tout en n'exprimant pas ses impressions sur le récit :  oui

Vérifier que le coaché se sent bien écouté  :  oui

Prendre de l'espace en témoignant ce qu’on pense de ce récit  :  non

Faire oui avec la tête  :  non

Faire non avec la tête  :  non plus ;)

S’activer et réagir au fur et à mesure du récit  :  non  (même si le récit résonne pour nous car nous avons peut-être une expérience similaire)

Donner quelqu’indice que ce soit sur notre évaluation, sur ce qu’on pense au sujet du récit  :  non, vraiment non 


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